LE GOÛT DE LIRE

J’ai souvent entendu cette question « Comment donner le goût de la lecture à mon enfant? » ou encore cette remarque si désespérée « Mon enfant ne lit pas, il déteste la lecture, que faire? ».

Bien entendu je n’ai aucune solution miracle mais voici quelques pistes qui je l’espère peuvent accompagner des familles vers le plaisir de lire, de dévorer les histoires, de s’évader…

Pas de stress

Oui, oui, c’est toujours comme ça que je commence « houlala ne nous inquiétons pas ». Votre enfant n’aime pas lire pour le moment, c’est important de replacer le contexte. Il a 6 ans, 10ans, 13 ans et il n’a pas encore trouvé le goût de lire. J’ose alors parler de moi et de mon histoire avec les livres. Petite, je n’avais que très très peu de livres à la maison, il n’y avait pas de bibliothèque et, disons-le franchement, je n’aimais pas lire. Moi je jouais dans la forêt, dans la boue, je crapahutais, alors rester assise avec un livre, beurk très peu pour moi. J’ai réussi ma scolarité, suivi des études universitaires sans aimer lire, oui c’est possible. Lire les classiques en cours, beurk, les BD beurk, bref je ne lisais que par pure obligation. Et la rencontre s’est faite avec Victor Hugo (« Le dernier jour d’un condamné », bizarre bizarre cette rencontre). Très étrange mais cet auteur m’a transportée, m’a fait réfléchir et hop j’ai découvert le vrai amour de la lecture à 23 ans.

Mais je comprends le désir d’aider votre enfant à entrer dans la lecture. Je ne nierai pas les bienfaits de la lecture sur l’enrichissement du lexique, sur l’appropriation de la syntaxe etc… On écrit peut-être mieux quand on lit beaucoup. Mais il ne faut pas exagérer et surtout ne pas dramatiser.

Désacralisation

Ho oui, désacralisons les livres. Je vois encore très souvent les livres présentés comme des joyaux, des petits objets fragiles et précieux. « On ne jette pas un livre », « on ne corne pas un livre ».

Hé bien j’oserai dire que si: écornons les livres, promenons-les au fond du sac à main ou du sac à dos, bavons sur les pages après nous être endormis, tournons les pages avec des doigts sales!

Des livres jugés subversifs ont été brûlés dans les pires périodes de notre Histoire, mais ça n’a rien à voir avec le fait de jeter un livre qui a pris l’eau, ou qui a mal vieilli et n’intéresse plus personne. Il sera recyclé et hop!

Un enfant qui lit emmène son livre dans le lit, en voiture, dans l’herbe, il le salit, l’écorne et le roule en boule. Demanderait-on à un enfant de ne pas salir son doudou? De le laisser dans une étagère?

La sacralisation des livres les rend inaccessibles pour de nombreux enfants. Ils n’osent pas s’en emparer, ils pensent que ce n’est pas pour eux, que c’est trop précieux. On ne déchire pas un livre mais comme on ne casse pas son jouet ou une assiette, c’est un objet que l’on respecte. Je sais bien que des personnes sont tout à fait opposées à mon point de vue, qu’il existe l’idée de rendre le livre précieux et magique, et pourquoi pas après tout! Je pense juste que le livre devrait être un objet du quotidien, un objet comme un autre, accessible, à portée de main; disponible.

C’est le plaisir que l’on éprouve à lire, à voyager avec son imagination, ce sont les histoires qui sont importantes, qui nous marqueront, pas l’objet.

Tout est bon dans la lecture

Oui oui tout est bon à lire, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise lecture. Des BD, des mangas, des étiquettes, des documentaires sur le foot, les chevaux, les trains, des classiques, des albums… c’est si riche!

Alors je crois qu’on peut laisser les enfants choisir ce qui leur plaira. On ne critique pas une lecture, on ne se moque pas d’un enfant qui lit un livre pour les plus petits tout comme on n’empêche pas un enfant de lire un livre de grands.

En classe de Petite Section de maternelle j’avais placé des livres de cuisine, des bande-dessinées, des documentaires et même des romans de poche dans la bibliothèque à côté des albums de petits. Les livres étaient en libre service et les petits regardaient les recettes à plusieurs et venaient m’interroger sur un mot, une étape. Hé oui c’est aussi de la lecture.

Des livres partout, tout le temps

Comme toujours c’est l’exemple qui fonctionne le plus avec nos enfants. C’est difficile de faire aimer la lecture quand on n’aime pas lire soi-même. Mais je ne suis pas en train de vous culpabiliser, vous vous souvenez, j’ai écrit que ne pas aimer lire ne signifie pas rater sa scolarité. Vous n’avez pas encore trouvé votre livre déclencheur ou alors vous avez du mal à lire pour une raison ou une autre. Pourquoi ne pas en parler avec votre enfant? Et puis on peut lire ensemble aussi, ou regarder des images et inventer une histoire (lire des images c’est lire aussi!).

Chez nous les livres c’est comme les carottes, c’est à volonté! On lit, on relit, on comprend ou pas trop. On choisit son livre en fonction de son humeur: j’ai bien envie d’un classique aujourd’hui, bon une petite histoire policière ce sera top. (Moi j’ai opté pour la liseuse, parce que ça me permet de lire dans le noir dans mon lit à toute heure, de quitter un livre qui ne me plaît pas sans trop de regret, de moins encombrer mes étagères, d’emmener plein de livres en vacances!)

Mais surtout surtout on lit dans la joie! Ce serait si triste de se forcer tous à lire, d’éprouver à nouveau ce calvaire de la fiche de lecture de 6ème. Lire c’est ressentir des émotions, c’est se poser des questions, c’est réfléchir, c’est découvrir. Si un livre ne vous plaît pas, changez-le, et hop!

On lit assez facilement la petite histoire du soir à nos enfants quand ils ne savent pas encore lire. Mais pourquoi arrêter quand ils ont appris à lire, quelle punition! Profitons de ces moments de lecture câlin tant que nos enfants le désirent. Pourquoi se passer d’un tel moment de plaisir? Après les petites histoires on peut passer aux romans à lire en plusieurs fois. 15 minutes chaque soir, ce n’est pas très long mais c’est si doux.

Pas de stress, que du plaisir

Oui oui j’insiste un peu mais si votre enfant n’aime pas lire, si vous n’aimez pas lire, ce n’est pas très grave, ça viendra un jour, ou pas d’ailleurs.

Et puis on peut lire des magazines, des mangas, des romans d’amour à l’eau de rose, des biographies, c’est si vaste, les bibliothèques sont remplies de merveilles, il y aura forcément un bijou pour vous.

Je conseille toujours Daniel Pennac pour les lecteurs qui débutent leur aventure: « La fée carabine », « au bonheur des Ogres ». Ou des romans policiers de Fred Vargas par exemple. Moi j’aime Sepulveda « le Vieux qui lisait des romans d’amour », c’est court, c’est très bien écrit et hyper abordable, on voyage, on rit et on rêve. Je crois que j’ai presque tout lu de Luis Sepulveda, quand on aime on en compte pas!

Je ne me moquerai jamais de vos lectures, toutes les lectures sont bonnes. Et personne ne doit se moquer, gronder, critiquer quelqu’un qui n’aime pas lire.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s